Alors oui, poser une limite est un acte d’amour pour soi.
C’est dire : « je me respecte assez pour ne plus me laisser traverser. »
C’est reconnaître sa propre valeur, sa frontière, sa dignité.
Mais ce n’est pas que cela.
Poser une limite est aussi un acte d’amour pour l’autre.
Parce que tant qu’il ne rencontre aucune limite, l’autre reste enfermé dans sa toute-puissance.
Et dans cette toute-puissance, il ne rencontre jamais vraiment l’altérité.
Il peut continuer à prendre, imposer, déformer — sans jamais être contraint de se regarder.
La limite l’appelle à la conscience.
Elle lui dit, avec force et clarté :
« Je suis un autre que toi. Je ne suis pas ni toi, ni à toi. Voici où je commence. Voici où je m’arrête. »
Et c’est là, dans cette mise en tension — parfois rude, mais fondatrice — que la relation peut devenir réelle.
Non plus fusionnelle, floue ou asymétrique, mais humaine. Enfin humaine.