La méditation olfactive permet d’entrer profondément en contact avec soi, dans une relation authentique et aimante. Durant le temps que dure la méditation, l’attention se pose sur l’odeur par l’intermédiaire du nez, ou plus précisément par notre sens de l’odorat. Celui-ci étant une des interfaces sensible entre nous et notre environnement direct.
Notre nez est un organe complexe et sophistiqué. A l’intérieur de nos fosses nasales, concentrées dans une région appelée la membrane olfactive, de très nombreuses cellules réceptrices « attrapent » les diverses molécules en suspension dans l’air. Ce sont ces molécules ainsi captées par notre bulbe olfactif, qui sont nommées « odeur ».
Ce qui est très surprenant au premier chef, c’est que bien que nos scientifiques identifient ces molécules, précisent quelles sont leurs caractéristiques et leurs compositions chimiques. Mais dire pourquoi l’odeur existe… cela ils ne le peuvent pas.
Jean-Christophe Bailly nous dit qu’il s’agit d’un mystère à peu près complet qui renvoie à un système de renseignements particuliers qui fonctionne dans la nature.
Nous savons ce que sont les odeurs, mais nous ne savons pas pourquoi et comment elles se produisent et existent.
Quiconque fait de la cuisine et/ou aime manger, se sert de son odorat pour savoir si l’aliment va lui plaire, ou lui déplaire.
Reconnaitre à distance quelque chose que l’on n’aime pas, permet d’éviter de le porter à la bouche pour le goûter.
Les odeurs, et les molécules qui les composent sont bel et bien interprétées.
Il existe dans nos fosses nasales, des récepteurs de sensibilité différentes, qui sont de vrais neurones et envoient des messages au cerveau, qui les identifie et à qui il donne sens.
Tout ce passe très vite, d’autant que le sens de l’odorat est involontaire.
C’est à dire que si en respirant, une odeur nous dérange, trop tard, il est impossible de l’éviter.
Bref, le fait de sentir ne dépend pas de notre volonté, et ne peut être évité.
Sauf peut-être par un processus d’anesthésie de ce sens, et par l’habituation à l’omniprésence d’une odeur particulière.
Par contre, c’est un sens qui se conscientise et s’éduque très aisément par la pratique.
Pensons aux « nez » des parfumeurs ou des oeunologues.
A la base, il y a certes très souvent une sensibilité particulière de ce sens. Mais c’est bel et bien un apprentissage progressif et délicat qui fait de ces nez des êtres irremplaçables pour la création de parfums ou de grands crus.
Alors quel est le processus pour effectuer une méditation olfactive ?
Poser son attention …
Comme nous l’avons vu dans la première partie de cette série d’articles, méditer consiste à poser son attention sur un objet intérieur (par exemple la respiration) ou extérieur (par exemple la flamme d’une bougie) et de l’y maintenir pendant un temps déterminé.
Se faisant, la vie intérieure ne cessant pas pour autant, il est possible d’observer la fois l’objet de la méditation, mais aussi nos perturbations à rester concentrés sur celui-ci. Puis au fil de l’apprentissage s’acquiert une visibilité de plus en plus claire de nos processus intérieurs. En ce sens la méditation est un très bel outil de connaissance de soi.
Deux façons d’entrer en méditation olfactive (parmi d’autres). La première de façon « objet » externe (1), la seconde façon « objet » interne (2).
1 : méditation olfactive externe
1 : S’assoir confortablement et décider précisément de la durée du temps de méditation que vous souhaitez vous accorder, mettre un chrono. De quelques minutes à un temps plus long en fonction de ce que vous souhaitez observer (10 mn est déjà très long ).
Choisir un objet odorant (parfum, fleur, tissu parfumé, huile essentielle, etc. ).
Humer l’odeur et « écouter » ce qu’il se passe en vous. Reconnaissez vous l’odeur ? tentez vous de la nommer ? de la décrire? vous évoque-t-elle quelque chose ? que vous avez vu ? des images qui se dessinent spontanément ? cela ne vous évoque rien ? Ca va, trois respirations et vous en avez assez ? envie de partir ?
Revenez à la source de l’odeur…
encore et encore,
… jusqu’à ce que le chrono sonne.
Respirez cette odeur qui devient de plus en plus familière, occupant de plus en plus intensément votre bulbe olfactif. Elle devient presque palpable et matérielle dans votre nez.
Sentez comme la contemplation de cette odeur vous apaise, combien les pensées se calment, combien la respiration s’est calmée.
Ou au contraire, cette odeur ne vous plait pas, et génère des pensées, des émotions de rejet.
Comment vous sentez-vous ?
Qu’avez-vous aimé ? pas aimé ?
Qu’avez-vous appris sur votre relation aux odeurs ?
…..
2 – Méditation olfactive interne avec les huiles essentielles
L’acte de sentir vraiment est une attitude de réceptivité. Encore plus que la première proposition (méditation préalable à faire en étape intermédiaire afin de saisir la puissance de l’activité du mental), cette méditation nécessite un espace/temps préservé et silencieux, pour expérimenter le « non agir ».
Il s’agit là d’expérimenter la réceptivité et l’écoute non seulement olfactive, mais aussi sensorielle et psychique au sens large.
En fonction de la qualité de la méditation, on peut parfois y vivre aussi une expérience spirituelle d’unification.
Cette méditation nous apprend a devenir un terrain vierge d’écoute intérieure.
Au fil des méditations et de l’apprentissage de soi, et des huiles essentielles
Comme précédemment, installez vous confortablement, prenez une huile essentielle, mettez le chrono…. et c’est parti.
Je vous conseille de le faire la première fois avec une huile essentielle de qualité, conseillée pour l’olfaction, par exemple la lavande, le citron, l’orange, le thym, le romarin, etc….
Comme la première fois, respirez l’odeur et laissez venir les images, les réactions mentales, les explications qui vous viendront peut-être spontanément.
Puis quand cela se calme, généralement au bout de quelques minutes a peine, respirez plus consciemment les molécules. C’est à dire laissez-les pénétrer dans les poumons profondément avec la respiration.
l’odeur de l’huile essentielle pénètre, nourrit, nous reconnecte a des instincts et des mémoires, mais avant tout elle reconnecte aux sensations corporelles.
Sentez combien vous descendez au coeur de vos poumons qui peuvent vous sembler puissants, larges, profonds ….
Laissez émerger en vous images, pensées, sensations, et revenez incessamment à l’inspiration de cette odeur qui vous pénètre et vous nourrit. Qui vous ramène toujours plus, au près de vous.
L’essence de la plante, entrant en douce symbiose avec notre corps, avec notre propre essence, peut réveiller des souvenirs, des évènements plus ou moins oubliés, ainsi que les émotions et les sensations qui s’y raccrochent.
Si vous expérimentez seul, quand le chrono sonne, prenez le temps de revenir ici et maintenant en respirant profondément l’air ambiant, en regardant autour de vous et en faisant le point de ce qui vient d’être vécu.
Peut-être mettre en mots et noter la sensation globale dans laquelle vous vous sentez.
Au fil des expérimentations olfactives, il est aisé de constater que cette méditation nous conduit toujours plus profond, au plus près de nous même et au plus près de l’essence de la plante que nous avons choisi.
Précautions d’usage :
Comme pour quasiment toutes les méditations, de nombreuses problématiques psychiques sont des contre-indications sérieuses. Et il est déconseillé de faire des méditations olfactives si vous avez connu des difficultés de cet ordre.
Si ce n’est pas votre cas, mais que vous n’avez jamais médité, et que vous voulez tenter de le faire seul/seule, prenez le temps d’apprivoiser la démarche en respectant la progression et en mettant le chrono sur quelques minutes dans un premier temps. Au fil des séances et en fonction des feedback intérieurs vous augmenterez le temps.
Quoi qu’il en soit, méditer peut faire émerger des souvenirs, des émotions mais reste et doit rester une expérience agréable et non thérapeutique.
D’expérience, cette méditation profonde est particulièrement efficace lorsque l’on souffre d’une addiction telle que le tabac (tabac, ou les grinottages) ainsi qu’avec les personnes qui sont dans le surinvestissement mental ( ce qui les coupe de leur corps et de leurs sensations).
Dans ces deux cas là, il est nécessaire de respecter une progression étape par étape.
C’est pourquoi je suggère de commencer avec la première méditation qui permet d’apprivoiser l’aspect méditation olfactive et de prendre conscience de tout le bruit intérieur qui l’accompagne.
Puis quand le processus de la méditation olfactive devient banal, je passe à la seconde.
Par ailleurs, pour toutes sortes de raisons, il peut y avoir de vrais obstacles à laisser l’odeur pénétrer les poumons, et il s’agit alors de respecter ce temps du corps et d’accueillir avec douceur les résistances, dans ce qu’elles expriment de craintes ou de méfiance.
Et dans ce qu’elles permettent de percevoir comme une capacité de s’offrir de la sécurité 🙂