Très souvent, lorsque l’on traverse une difficulté – quelle qu’elle soit – on nous assène le fameux conseil : « Lâche prise ».
Vous l’avez certainement déjà entendu. Peut etre même l’avez-vous conseillé.
Évidemment, puisque nous sommes en difficulté, c’est qu’il y a quelque chose qui ne se passe pas comme on le souhaiterait. Rien de surprenant, me direz-vous.
Alors, lâcher prise ? Vraiment ?
On pourrait effectivement se dire : « Allez, m’en fiche, après tout, ce n’est pas si grave… » …
Et voilà, tout est réglé.
Mais dans cette démarche, nous faisons souvent l’impasse sur les scénarios différents que nous aurions pu envisager, préférant tout abandonner sans réfléchir davantage.
Pourquoi pas, après tout…
Après tout, se laisser guider par les pulsions et se déresponsabiliser est dans l’air du temps. non ?
Pour d’autres, à peine trente secondes après avoir prononcé un « Allez, je lâche, après tout, m’en fiche ! », la situation tourne en boucle dans leur tête. Et le petit hamster tourne dans la roue.
Alors quoi ? La culpabilité s’installe.
Et vous commencez à vous dire que vous êtes nul, que vous ne savez même pas lâcher prise !
Mais, en réalité, vous êtes-vous déjà demandé ce que voulait vraiment dire la personne qui vous a conseillé de « lâcher prise » ?
Est-ce qu’elle veut réellement vous aider ? … ?
Vous a-t-elle demandé de quoi aviez-vous besoin ?
A-t-elle cherché à comprendre dans quel embrouillamini vous vous trouvez en temps réel ?
A-t-elle fait un effort pour clarifier les zones de confusion ?
Ou a-t-elle simplement balayé vos préoccupations d’un revers de main ? en vous disant le fameux « Faut vraiment que tu apprennes a lâcher prise !! » d’un air condescendant.
Avez vous envisagé, que peut-être , elle en a simplement marre que vos problèmes viennent « salir » sa précieuse sérénité.
Et, qu’elle n’a ni le courage ni l’authenticité de poser quelques limites, ou de cadrer votre temps d’échange. Alors plutôt que de vous parler de sa propre difficulté interne, elle vous répond : « Allez, lâche prise ! »
Et voilà, le tour est joué !
Elle vous donne un conseil bienveillant pour vous aider à redevenir « zen », et elle, se débarrasse de son mal-être, fière de sa position de sauveur. Elle reçoit même sa petite dose de dopamine.
Et vous ?
La conversation est close, et vous vous retrouvez avec vos problèmes, accompagnés d’un supplément de culpabilité pour ne pas savoir « lâcher prise ».
Et là… pour certains, c’est parti pour une virée dans le frigo, un achat de fringues, ou une clope, histoire de fuir un peu la douleur de la culpabilité.
Mais ça ne fait que l’aggraver … et on finit encore par retourner dans le frigo.
Vous reconnaissez ce cycle ?
Alors il serait peut-être utile de faire quelques rappels rapides sur ce fameux « lâcher prise », et le discernement qu’il est essentiel d’apprendre a acquérir.
(Un sujet que nous abordons en détail lors des ateliers sur les émotions et la culpabilité).
Le lâcher prise ne s’apprend pas, et encore moins il ne peut être décidé de manière arbitraire. Vouloir y parvenir à tout prix revient à se maltraiter et à accepter, dans une forme d’inconscience, de perdre des éléments importants, des informations internes qui font sens, et des enjeux souvent précieux pour soi.
L’expression qui s’oppose au « lâcher prise », c’est bien « Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain ».
C’est fou, non ? si on lâche prise, et qu’on laisse tomber la baignoire et le bébé et l’eau du bain (j’adore cette expression depuis toujours, elle me fait éclater de rire par l’air sérieux qu’ont toujours les gens qui l’emploient).
Alors, comment procéder pour se détendre un peu sans lâcher le bébé ? Quelques étapes simples :
Pour lâcher prise, il faut d’abord savoir ce que l’on tient !
Une fois que l’on a identifié ce à quoi on s’accroche, il devient beaucoup plus facile de voir les enjeux, les responsabilités et les valeurs qui sont en jeu… pour VOUS.
Ensuite, il vous semblera plus aisé de comprendre pourquoi il vous est si difficile de lâcher prise, plutôt que de vous concentrer pendant des jours sur comment y parvenir.
Si vous ne lâchez pas prise, c’est que certains aspects de ce que vous vivez sont d’une grande importance pour vous. Evidemment !
Et, si nécessaire, n’hésitez pas à demander de l’aide pour les identifier !
Dans certains cas, on réalise que nous portons des responsabilités qui ne nous appartiennent pas. Il devient alors essentiel de savoir les remettre à ceux qui en ont réellement la charge.
Dans d’autres situations, lorsque les enjeux et responsabilités nous reviennent, il est crucial de les assumer pleinement, même si cela implique de faire face à des conséquences que l’on préférait éviter par confort ou par peur.
Et à ce moment-là, il n’y a plus de problème, plus rien à lâcher. La vie prend une nouvelle dimension. Une épreuve a été confrontée, l’envie de fuite spontanée canalisée, la situation affrontée et finalement maitrisée. En grande partie, grâce à l’apprentissage associé et nécessaire acquis.
Quant à ceux qui, avec leurs conseils sur le lâcher prise, vous toisaient de leur superbe, sont-ils encore là ?
Mystère.
Sans doute en train de danser avec les anguilles sous le pont, ou de disparaître dans le panier du pêcheur.
Nous avons tous une énergie unique, un fonctionnement propre. Et nous cheminons depuis un contexte, un temps de naissance qui fait de nous des êtres uniques, aux enjeux de vie et d’âme uniques.
Qui peut se permettre de vous dire quoi tenir et quoi lâcher, sans s’être sincèrement intéressé à vous ? à vos enjeux, vos difficultés, vos combats et vos objectifs ?
D’une certaine façon, nous sommes tous seuls au monde : nous vivons notre naissance seuls, et, de même, nous engageons notre « grand passage » seuls. Mais un jour, après avoir traversé l’autonomie (ou l’autarcie pour certains autres), nous comprenons que nous sommes aussi, tous en interrelation.
Ainsi, ma conclusion reste inchangée pour ce sujet également :
si quelqu’un prétend savoir mieux que vous ce que vous devez faire, sans avoir pris la peine de vous poser au moins trois questions sur vos choix et intentions… fuyez à toutes jambes dans la direction opposée !
Vous serez au moins sûr(e) d’une chose : vous progresserez en course à pied !
Des bises !