Les peurs (2/3)

La peur : un signal d’alarme

La peur fonctionne comme si c’était un signal d’alarme. De fait, le plus souvent on ne veut pas ressentir la peur, mais c’est une source importante d’information. Sa fonction est d’attirer notre attention sur un danger, afin de nous permettre d’y faire face au mieux.

Donc,  il n’est vraiment pas adéquat de tenter supprimer les peurs, ou au contraire d’avoir « peur de la peur ». C’est comme si on en voulait au voyant du tableau de bord de la voiture, d’indiquer que quelque chose ne va pas. Au contraire, plus on est attentif à ses peurs et plus on est en capacité d’y faire face.

Peurs « normales » et peurs « pathologiques »

Selon Christophe André, une peur normale est une alarme calibrée dans son activation comme dans sa régulation pour être efficace.

Dans son activation, l’alarme de peur, ne se déclenche face à un vrai danger et non au souvenir d’un danger.

Et surtout, son intensité est calibrée pour être proportionnelle au danger : et elle permet d’agir de manière adaptée.

Il peut bien sur y avoir des des fausses alertes, et on a alors peur « pour rien », mais ces fausses alertes sont occasionnelles et contrôlables.

Dans sa régulation la peur normale s’éteint vite et facilement, une fois que le danger est passé, ou que l’on s’est rendu compte qu’il n’était pas si menaçant.  Par exemple, quand une porte claque d’un coup de vent et nous fait sursauter.

Une fois que la peur a joué son rôle  d’alarme, elle doit diminuer, sinon elle devient inutile et dangereuse. Et si elle ne se régule pas, c’est ce que l’on nomme « une attaque de panique » qui annihile les capacités d’adaptation de la personne et la paralyse.

Avec la peur normale, ciblée sur tel ou tel danger, je peux régler sa sensibilité à la hausse ou à la baisse en fonction des contextes et de mes besoins.  Je n’active pas de la même façon mon logiciel de la peur, que je rentre chez moi en pleine après midi, ou que je marche dans la jungle ou dans un quartier inquiétant de nuit.

Quand une peur devient-elle pathologique ?

Une peur pathologique correspond à une alarme mal réglée, dans son activation comme dans sa régulation.
Son activation est anormale quand elle se déclenche trop souvent pour des seuils de dangerosité trop bas. Le déclenchement de la peur est trop fort, pour tout au rien : la peur n’est pas modulée et prend très vite la forme d’une panique.  C’est épuisant.
Sa régulation aussi est anormale : l’alarme de peur n’est pas modulée. C’est pourquoi beaucoup de personnes phobiques souffrent du phénomène appelé « la peur de la peur ». C’est une intolérance à la peur.
Quand la peur devient intense et irraisonnée, et s’accompagne d’une fuite, on est face à des phobies.

Tableau récapitulatif des  peurs ?

Les peurs concernent tout le monde, et les phobies sont très  répandues. Les peurs excessives, touchent environ un adulte sur deux. les phobies sont plus rares, mais elles représentent selon Christophe André, la pathologie psychologique la plus fréquente.

Les peurs Normales :
– Registre de l’émotion
– Peur d’intensité limitée, et le plus souvent contrôlable
– Associées à des situations objectivement dangereuses
– Evitements modérées, et handicap léger
– Peu d’anxiété anticipatoire : l’existence n’est pas organisée autour de la peur
– Les confrontations répétées peuvent peu à peu faire diminuer l’intensité de la peur

Les peurs Phobiques :

–  Registre de la maladie,

– Peur pouvant aller jusqu’à la panique, souvent incontrôlable, 

– Associées à des situations parfois non dangereuses

– Evitements importants et handicap significatif

– Anxiété anticipatoire majeure : l’existence s’organise autour de la peur

– Malgré des confrontations répétées, la peur ne diminue pas

La peur, signal d’alarme nécessaire et efficace, est un fonctionnement normal. Alors que la peur phobique, ce n’est pas seulement la peur et la fuite, mais aussi l’échec émotionnel des confrontations avec la peur. Car le cerveau émotionnel ne change que dans l’action. Et s’il ne change pas, c’est qu’il reste persuadé que le danger est toujours là,  même si il est évident qu’il n’y a pas de danger.

Il est important d’apprivoiser le cerveau émotionnel comme un animal, avec douceur et régularité. Il n’est pas pertinent de le braquer.

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