Préservation de la santé ou prévention de la maladie ?

Dans la pensée asiatique, un organisme vivant forme une entité indissociable de son environnement. Ainsi l’organisme présente-t-il des points d’interface, qui sont en permanence exposés à la survenance de troubles. Mais le pire n’est jamais obligatoire ! L’organisme peut aussi parfaitement faire face aux contraintes auxquelles il est incessamment soumis. C’est d’ailleurs l’objectif a atteindre dans l’idéal.
 
De fait, les notions de préservation de la santé et de prévention de la maladie sont omniprésentes dans la pensée asiatique. Celle-ci élabore tout un système permettant de penser et d’agir pour développer l’harmonie entre un organisme et les pressions particulières que l’environnement, toujours changeant, lui fait subir.  Et ce, en accord avec le système de relations et de correspondances théoriquement établis entre l’homme et la nature, depuis des millénaires par les philosophies chinoises.

L'importance de l'harmonie dans le mouvement du monde

Prévention de la maladie ou conservation de la santé ?

Une maladie suppose l’existence, l’intervention et le renforcement d’agents pathogènes coïncidant malencontreusement avec l’affaiblissement du flux vital originel
(considérant que dans notre culture occidentale le mot énergie est précisément défini par les physiciens, il est difficile de l’employer pour parler de l’organique sans s’attirer les foudres de ceux qui défendent le rationalisme cartésien, mettant tout le reste dans la sphère ésotérique. Or, l’énergie incessamment produite par chacune de nos cellules, par exemple dans la cadre du cycle de Crebs, n’a absolument RIEN d’ésotérique. dans ce blog, j’emploie indifféremment la notion d’énergie (celle que l’on a, ou qui nous manque le matin) et celle de flux vital, comme des synonymes).
 
Bref, pour en revenir au sujet de la vision chinoise de la santé et de la maladie : Parce qu’une maladie suppose l’existence, l’intervention et le renforcement d’agents pathogènes coïncidant malencontreusement avec l’affaiblissement du flux vital originel,  la simple logique recommande de renforcer quotidiennement ce dernier, afin de lui permettre de barrer la route aux premiers. Conservation de la santé et préservation de la maladie, sont donc indissociables dans la pensée extrême orientale.
« La force du QI originel et sa capacité de résistance aux agressions internes ou externes sont déterminées par la constitution physique. Une vie régulière équilibrant le travail et le repos par des activités corporelles qui assurent l’équilibre physique et mental ; un corps sain entretenu par une alimentation correcte et, éventuellement, par une médication préventive adéquate associant la diététique à la phytothérapie (par exemple par la prescription de tel ou tel légume ou viande pour harmoniser les fonctions des zang fu (traduire  « viscères »)) – tout cela renforce le QI originel et devrait, théoriquement du moins, constituer la meilleure protection.
En sens contraire, un corps affaibli par une conjonction de facteurs négatifs ne peut qu’affecter le Qi et pousser celui-ci à abandonner l’organisme (qu’il n’est plus en état de défendre) aux maladies« .
Extrait : Dictionnaire de médecine chinoise de Hiria Ottino.
 

Comment renforcer le QI originel ?

équilibre repos/travail, alimentation correcte et adaptée, éviter les causes d'affaiblissement du Qi

Vivre l'unité du corps et de l'esprit, dans un massage, au cours d'exercices physiques d'intensité variable

Évidemment, s’ajoutent à la diététique et à la phytothérapie de prévention, l’exercice physique sous diverses intensités, ainsi que les massages.
L’exercice physique est considéré comme fortifiant l’organisme physique et le mental, car ils protègent contre les agents pathogènes internes et externes. « De nombreuses méthodes visant à renforcer le corps et l’esprit ont été développées par la suite, dont je Tai Ji, le Ba Duan Jin, le Ui Jin Jing et le Qi Cong, qui non seulement améliorent la condition physique et accroissent les capacités naturelles de résistance aux maladies, mais encore produisent des résultats spectaculaires dans le traitement de certaines maladies chroniques« . Ces exercices peuvent être envisagés comme des méditations en mouvement. Et au delà du renforcement du corps et de l’esprit, qui est également recherché par ces pratiques physiques, c’est le développement de « l’unité » de l’individu. J’ose me risquer à vous décrire « l’unité » comme la recherche d’une intégration totale de tous les aspects de l’individu (corps/esprit/attention) dans l’action en cours (mouvement et harmonie).

Masser pour les asiatiques, est un acte de prévention thérapeutique et de préservation, constitué par des manipulations spécifiques, appliquées sur certaines parties du corps. Le massage se pratique sur les méridiens et les points d’acupunctures, sans être toutefois une « acupuncture sans aiguille ». Il vise à faire circuler, renforcer, harmoniser le flux vital (ou Chi). Il est aussi une pratique quotidienne banale par lequel il est aisé de prendre soin de ses proches.


N’oublions pas que le premier besoin du vivant c’est de respirer. En effet, respirer c’est assimiler la partie gazeuse qui nous est nécessaire pour fonctionner à chaque instant : l’oxygène. C’est une telle évidence que nous l’oublions très souvent et notre amplitude respiratoire est bien moindre que ce qu’elle a les moyens d’être. Mais respirer est une fonction beaucoup plus complexe qu’on ne le croit au premier abord.

La théorie « taoiste » de la préservation de la santé, s’est lentement développée au cours des siècles, à partir de pratiques spontanées dictées par l’instinct de conservation. « D’où le développement d’aptitudes réflexives incitant à découvrir  à l’intérieur de soi-même les lois de la vie, ce qui, tout a fait empiriquement, a favorisé l’apparition et le développement d’exercices physiques et respiratoires visant à régulariser les souffles vitaux, le Qi et les autres ressources ou fonctions naturelles – jugés essentielles- de l’organisme« . Dictionnaire de Médecine Chinoise de Hiria Ottino

L'optique taoiste de la préservation de la santé "respirer le flux vital"

Etre attentif à son l'hygiène de vie

Qu’il s’agisse de l’occident ou de l’extrême orient, l’hygiène de vie est un paramètre qui inclut les conditions de vie au quotidien, à la fois sur le plan corporel, comportemental, environnemental et relationnel qui permettent de conserver de façon optimale la santé. Toutefois, si cet aspect s’est plus ou moins effacé en occident avec le développement de la médecine moderne dite allopathique, l’explosion des maladies chroniques dites de « civilisation », obligent la médecine moderne à se réapproprier ces questions là. Et c’est ainsi que les médecins deviennent désormais médecins nutritionnistes ou qu’ils prescrivent du sport sur ordonnance, afin de pouvoir accompagner leurs patients malades sur le retour à une hygiène de vie adéquate au maintien de la santé.

Pour la pensée chinoise, et particulièrement pour la Médecine Traditionnelle Chinoise, la question de l’hygiène de vie est restée centrale. Celle-ci comprend tout a la fois de l’hygiène personnelle,  l’hygiène alimentaire, l’hygiène de l’environnement et de certaines précaution à prendre. L’hygiène préventive concerne la propreté corporelle, celle des vêtements, la nourriture, le logement, etc.  en rapport avec une discipline de vie qui, prévenant tous les excès, en évite les conséquences fâcheuses. Cela est particulièrement vrai de la nourriture, des boissons et aussi de la sexualité, pour lesquelles la médecine traditionnelle suggère la modération. Les excès habituels de nourriture par exemple ou une préférence systématique pour un aliment particulier risquent de favoriser la maladie.

Le praticien, quelle que soit la technique particulière d’accompagnement qu’il pratique, est bien évidemment concerné par cette vision du monde absolument inclusive et interactive. En effet, sa propre fluidité énergétique et corporelle, ainsi que sa capacité de présence méditative tout au cours de sa pratique, influent grandement sur la qualité du soin et son efficacité.

Le praticien est directement concerné par les pratiques d'hygiène de vie qu'il promeut.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *